Jacques Piquée : Le pissenlit officinal

Le pissenlit officinal (Taraxacum officinale = Taraxacumdens-leonis) de la famille des astéracées ou anciennement des composées.

Noms vernaculaires : dent-de-lion, florin d’or, cramaillot (en Haute-Saône et dans la Vôge), salade de taupe, baraban (en région lyonnaise), fausse chicorée...
Souvent considéré comme une «mauvaise herbe» envahissante et indésirable dans les parcs et jardins, lepissenlit ne mérite absolument pas cette réputation. Outre ses incontestables propriétés mellifères, c’est une plante comestible aux très nombreuses vertus médicinales. Comme dans le cochon, tout est bon dans le pissenlit : on peut utiliser la racine , les feuilles, les boutons floraux et les fleurs épanouies.
En conséquence, les jardiniers devraient absolument s’abstenir de vouloir éradiquer cette plante de grande importance pour les butineuses mais aussi pour de très nombreux auxiliaires. Les spécialistes ont répertorié plus de 90 espèces d’insectes inféodées à la dent-de-lion.

Etymologie
L’origine du nom générique est discutée. Certains prétendent qu’il vient de l’arabe et désigne une plante voisine, d’autres affirment qu’il vient du grec taraxis qui correspond à une affection de l’œil que le latex produit par le pissenlit serait sensé guérir. Les deux explications sont sans doute plausibles.
Le nom spécifique officinale n’implique aucune discussion puisqu’il fait référence aux très nombreuses propriétés médicinales reconnues depuis très longtemps et notamment à ses propriétés diurétiques qui explique son nom français, contraction de «pisser au lit». Quant au nom dens-leonis ou dent-de-lion, il fait référence aux feuilles à marge fortement découpée.
Description
Le pissenlit est une plante vivace herbacée à racine pivotante qui s’enfonce à plusieurs dizaines de centimètres dans le sol. Les feuilles longues et fortement dentées sont disposées en rosette. Par conséquent, la plante ne possède pas de tige apparente, on dit qu’elle est acaule.
Comme chez tous les représentants de la famille des astéracées, les fleurs sont en réalité des inflorescences appelées capitules c’est-à-dire des regroupements de vraies fleurs réunies sur le même réceptacle et protégées par des bractées vertes évoquant des sépales. Les vraies fleurs ou fleurons jaune d’or très lumineux sont toutes ligulées (tribu des liguliflores) et hermaphrodites. Le calice appelé pappus est soyeux et fortement divisé. Il persiste après la fécondation et forme alors une aigrette qui assure la dissémination des fruits secs de type akène par le vent (anémochorie). Quel enfant ne s’est-il jamais amusé à souffler sur une infrutescence de pissenlit? Un célèbre dictionnaire en a d’ailleurs fait son emblème avec la célèbre phrase «je sème à tous vents».
Toute la plante possède un suc blanc qui laisse des taches sur les mains lorsqu’on la manipule. Ce latex aurait servi à préparer du caoutchouc.
Culture et entretien
Le pissenlit étant une plante très commune et très répandue il n’est pas nécessaire de la semer pour subvenir aux besoins des butineuses. En revanche, il est possible de le semer au jardin potager pour ensuite en disposer pour la préparation d’excellentes salades, certes un rien amères, mais très riches en vitamines, dépuratives, laxatives et diurétiques. Dans les Vosges, la salade de pissenlit est accompagnée de lardons grillés, de croûtons et d’œuf durs : c’est la salade dite à la chaude meurotte.
Le semis se fera en ligne courant avril-mai et les plants obtenus seront buttés en automne pour disposer de feuilles «blanchies» plus tendres et nettement moins amères à la fin de l’hiver. Naturellement, on peut récolter en février-mars ces feuilles dans les prairies non traitées et non inondables pour éviter certaines parasitoses dans les taupinières d’où le nom vernaculaire, salade de taupes.
Le pissenlit est parfois sensible à un champignon , l’oïdium, qui «farine» les feuilles. Il suffira de couper très court les feuilles des plants atteints.
Intérêt apicole Le pissenlit est indéniablement une plante mellifère de première importance. Très largement répandu dans tous les milieux, très généreux en pollen et en nectar il provoque, avec le saule marsault, une des premières miellées significatives du printemps qui stimule efficacement les colonies.A l’époque de cette miellée, une odeur très caractéristique se répand autour des ruches. Certains la trouvent agréable, d’autres lui reprochent son parfum qui rappelle celle de l’urine de chat. Au matin qui suit une forte rentrée de nectar, la planche d’envol est détrempée par la condensation de l’eau évaporée grâce aux ventileuses.
Le vrai miel de pissenlit est rare car en avril, les colonies sont généralement trop faibles pour faire une récolte significative. Dans certaines régions comme le Vercors où , altitude oblige, la floraison est décalée, il est possible de récolter ce produit jaune citron et à consistance pâteuse.
Faute de pouvoir récolter du vrai miel de pissenlit, on peut préparer, à partir des fleurs, un  produit qui ressemble beaucoup à du miel d’ou le nom abusif de miel de pissenlit ou plus honnêtement gelée de fleurs de pissenlit ou cramaillote.
Le saviez-vous
Outre les feuilles bien connues pour faire des salades, toutes les parties du pissenlit sont comestibles. On peut préparer un succédané de café avec les racines, des sortes de câpres à saveur d’artichaut avec les très jeunes boutons floraux et du vin et du «miel» avec les fleurs bien épanouies.Recette de la cramaillote :
Il existe de nombreuses façons de préparer ce fameux «miel de pissenlit». Si vous voulez bluffer un ami apiculteur et surtout vous régaler au petit-déjeuner, voici une recette facile et pas chère du tout.
Pour ça, il vous faudra :- 400 fleurs de pissenlit récoltées en début d’après-midi un jour bien ensoleillé.
- 2 citrons et deux oranges non traités
- Du sucre pour confiture ou du sucre roux
Une fois les fleurs récoltées, les laver rapidement pour éliminer les nombreux petits coléoptères noirs fortement attirés par le jaune des capitules. Enlever grossièrement la partie verte un peu trop amère et faire sécher le tout pendant quelques heures. Faire macérer une nuit ces fleurs dans 2 litres d’eau avec les citrons et les oranges coupés en fines tranches. Le lendemain, faire cuire cette macération pendant environ une heure à petit feu. Filtrer en pressant fortement sur les fleurs pour  obtenir un jus le plus jaune possible. Ajouter le sucre à raison de 850g de sucre par litre de jus obtenu. Remettre sur le feu pour environ 40 mn. Ecumer régulièrement et mettre en pot. La gelée est parfois un peu liquide mais prend plus facilement au froid dans le réfrigérateur.
La «fleur» de pissenlit est en réalité un regroupement de vraies fleurs toutes ligulées, réunies les unes contre les autres et qui s’épanouissent de l’extérieur vers l’intérieur. Chacune d’elles est facilement repérable par son style bifide en forme d’y. La ligule jaune très lumineux correspond à la corolle asymétrique composée de 5 pétales soudés.
Dans la plupart des régions, la floraison à lieu principalement courant avril mais peut également intervenir plus subtilement en automne. On parle de remontée.
Les butineuses visitent très activement les inflorescences du pissenlit. Elles y récoltent un pollen et un nectar très abondant. La floraison du pissenlit correspond à une des premières miellées significatives du printemps.
L’infrutescence du pissenlit est composée de nombreux fruits ou akènes surmontés d’une aigrette. Ce reliquat du calice assure la dissémination par le vent de cette espèce très mellifère.

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Cultiver des plantes mellifères en ville et au jardin Paru en janvier 2016

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