Les abeilles et l’apiculture – A DE FRARIERE- Réédition d’un ouvrage de 1865 !

réf. coop AB113

La première édition de cet ouvrage ayant précédé de quelques semaines seulement l'ouverture de l'exposition universelle, je n'ai pu faire mention des nouvelles formes de ruches soumises à l'examen du public. Il en a été naturellement de même à l'égard de la se-conde exposition universelle, particulièrement destinée à l'agriculture qui a eu lieu quelques années plus tard. Je crois donc devoir jeter un regard rétrospectif sur ce sujet si intéressant pour les amateurs d'abeilles.

Malheureusement, je me vois forcé de constater que si l'apiculture a pris une assez grande extension depuis quelques années; s'il est maintenant peu de localités où cette industrie soit encore inconnue, les connaissances pratiques n'ont cependant pas fait de sensibles progrès.

Il est certain du moins que les grandes exploitations s'en tiennent toujours à leurs détestables procédés d'opérer la récolte du miel et de la cire, et que les paysans n'ont point abandonné les vieilles coutumes de leurs pères.

On peut critiquer cet esprit de routine si contraire au progrès; cependant, avant de le condamner sans rémission, il faudrait prouver que les tentatives faites jusqu'ici dans l'intérêt de l'apiculture sont un véritable progrès.

Or, pour réaliser ce progrès, il faut considérer l'apiculture sous le triple point de vue du bien-être des abeilles, des facilités de l'exploitation de cette industrie, et du produit que doit en retirer l'apiculteur.

L'examen consciencieux des ruches admises à l'Exposition démontre que les inventeurs n'ont cherché à réaliser que les deux premières conditions, et que la plus essentielle, celle qui concerne le bien-être des abeilles, a été fort négligée.

C'est que ce bien-être signifie non-seulement une demeure saine, commode et chaude, une sécurité entière, mais aussi l'assurance qu'on ne pourra les dépouiller de leurs provisions d'hiver, car, ainsi que je l'ai dit maintes fois, rien ne peut suppléer le miel et le pollen qu'elles ont amassés pour cette rude saison.

Ainsi, ce ne peut être la ruche exposée sous le nom de ruche anglaise, ruche qui en réalité ne diffère de la ruche villageoise on lombarde que par la grandeur de son couvercle. Cette disposition seule suffit pour démontrer que son inventeur ne songeait qu'à dépouiller entièrement les abeilles.

On voyait bien à l'Exposition des ruches belges, allemandes, etc., mais toutes rentraient dans les types déjà connus, et on peut dire qu'aucune d'elles ne présentait d'avantages sérieux.

Quant aux nombreuses ruches exposées par des Français, elles se rattachaient à peu près toutes à des types déjà connus. On a pu constater que la plupart d'entre elles avaient été adaptées au système de cadres mobiles, ce qui leur enlevait le caractère propre à la forme primitive sous laquelle elles étaient connues des amateurs.

Ces deux expositions universelles ont donc permis aux apiculteurs de tous les pays de soumettre au public les ruches et systèmes de ruches qui leur paraissaient recommandables. Eh bien, il a été facile de le constater, l'apiculture n'a point réalisé les espérances des amateurs éclairés, qui ne se contentent pas de vaines promesses, et encore moins celles des praticiens, car aucune ruche ne leur a paru supérieure au type dont elle a été détachée, et aucune méthode nouvelle n'est venue révéler un inode d'exploitation non encore pratiqué et préférable à ceux qu'on connaît déjà.

Cependant, je dois dire que la commission des récompenses en a jugé autrement. Ainsi, elle a accordé, lors de la première exposition, une médaille d'argent à M. Juge (de Beauvois), comme inventeur ou propagateur du système des cadres mobiles.

A la seconde exposition, M. Roux, de Lyon, a reçu une médaille d'or de première classe pour avoir reproduit un support ou plateau de communication déjà connu depuis longtemps: prôné, puis rejeté comme AVERTISSEMENT.

inutile par Féburier, et qui venait d'être exposé par M. Warin sans avoir attiré l'attention du jury de l'exposition universelle de 1855.

L'apparente stérilité d'invention que je viens de signaler, en ce qui concerne l'apiculture, doit-elle être considérée comme une preuve qu'il n'y a plus rien à faire pour concilier les vrais intérêts du propriétaire d'abeilles avec ceux des pauvres petits êtres qu'il traite si cruellement? Je ne saurais le croire, car bien que les abeilles ne soient pas susceptibles d'éducation; que leur genre de vie ne diffère point de celui qui mènent les essaims sauvages qui habitent les forêts, notre propre avantage exige de notre part une prudence dans l'exploitation, une modération dans le partage des provisions, que l'exploiteur est toujours tenté d'oublier.

Or, toute méthode qui n'aura pas pour objet principal le bien-être des abeilles, seul moyen de les maintenir actives et fécondes, manque son but. Et, je le répète encore une fois, les méthodes tant préconisées pendant ces dernières années, méthodes qui consistent à mettre le trésor de l'essaim travailleur entièrement à la disposition d'un propriétaire avide, doivent être rejetées.

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