réf. coop AP108

La Ruche Gratte-Ciel à plusieurs reines!
Encore une nouvelle méthode d'apiculture!
Il est permis de supposer que telle fut la réflexion de plusieurs à la lecture du titre ou du compte rendu de cette brochure. Qui que vous soyez, veuillez être rassuré! Cette méthode n'est pas sortie, soudain, du cerveau d'un apiculteur emballé, et ne repose pas sur des principes extraordinaires ou révolutionnaires. Bien au contraire, elle s'appuie fortement sur de vieux principes apicoles, sur les expériences de Maîtres apiculteurs anciens et modernes. Jugez-en vous-mêmes.
Elle fut inspirée par la ruche-jumelle qui possède deux colonies distinctes, séparées par une simple grille à reine; de même la ruche-pépinière de M. Perret-Maisonneuve qui contient jusqu'à douze nucléis ou petits essaims ayant chacun sa reine et vivant côte à côte, séparés, si l'on veut, quand les reines pondent, par une grille à reine. Si plusieurs colonies vivent ainsi en paix dans une ruche à allongement horizontal, pourquoi n'en serait-il pas de même dans le sens vertical? Cela permettrait en outre un agrandissement à volonté.
Les principes du contrôle de l'essaimage de Demuth, système américain, m'aidèrent aussi beaucoup dans la mise au point de ma méthode. De même profitais-je des expériences du «Plan Demarie >> que j'avais appliqué moi-même avec succès. Je fus heureux de trouver mes idées confirmées sur plusieurs points par M. P. Peter's, qui superpose plusieurs nids à couvain en hausses, mais avec une seule reine. Enfin, je trouvais dans M. Perret-Maisonneuve, avec beaucoup d'autres choses, la méthode la plus pratique et la plus simple d'élevage de reines. De plus, j'ai vu mes expériences confirmées par les expériences concomitantes de M. A. Caillas, sur le blocage de la ponte et relatées dans son ouvrage Le Rucher de rapport qui parut en même temps que la première édition de la présente brochure.
Même si cette méthode de gratte-ciel paraissait être une panacée de plusieurs autres, j'en serais déjà heureux, car l'apiculture est une science; or toute méthode scientifique se base sur des expériences antérieures datant quelquefois de plusieurs siècles: les rassembler et les organiser en méthode est déjà un beau travail. Mais ici, il y a plus. Car il restait à découvrir les principes de la superposition des colonies et la méthode pratique capable de faire rendre, sans risque, au gratte-ciel, le maximum de résultat; il restait surtout à l'expérimenter.
Ces expériences, je les livre maintenant au public, certain de rencontrer des sympathies et de répondre à un besoin. Je m'estimerais heureux si cette méthode pouvait rendre service à tous et aider modestement au progrès de la science apicole.
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Quoiqu'il soit toujours agréable de parler abeilles entre connaisseurs, ces chères abeilles dont la Bible dit qu'elles sont «de petits insectes », mais dont le produit surpasse toutes les douceurs», je n'ai pas voulu faire de l'exposé de ma méthode un cours d'apiculture.
Pour plusieurs raisons; il y a suffisamment de livres spécialisés en la matière pour satisfaire à tous les besoins; j'y renvoie bien volontiers ceux de mes lecteurs qui désireraient un complément d'informations; mais surtout parce que je ne voudrais pas m'entendre redire la réflexion de Démosthène à un orateur qui venait de terminer un trop long discours: « Si tu avais approfondi et pratiqué tout ce que tu viens de dire, tu n'aurais jamais tant parlé! >>>
C'est pourquoi j'ai été bref, même dans cette deuxième édition revue et augmentée, afin de n'écrire que ce que j'ai moi-même expérimenté.
PERE M. DUGAT.