JOIE ET SANTE par les fleurs et les abeilles – ERIC NIGELLE -1960

réf. coop MA140

Quand, parvenu au terme de son ouvrage et après avoir passé en revue les propriétés des plantes à la fois médicinales et nectarifères, celles des miels qui dérivent de leur sécrétion, les bienfaits du travail des abeilles, l'utilité des produits qu'elles élaborent, M. Eric NIGELLE écrit: «Notre bouquet est terminé, ce n'est pas sans regret que l'on s'apprête à fermer, du moins momentanément, un livre dont tous les chapitres composent, en effet, un bouquet dont le parfum enivre.

Cette œuvre, dont la présentation littéraire, parfois poétique, agrémentée d'intéressantes données historiques, apporte une riche documentation scientifique aux applications pratiques.

Son auteur a su rappeler, parfois avec humour, la valeur thérapeutique de multiples plantes dont les propriétés médicinales les ont fait, depuis fort longtemps, entrer dans la pharmacopée et celle d'autres plantes plus récemment adoptées depuis que les techniques chimiques et biologiques ont permis d'en déceler les principes actifs.

On lit ce long chapitre du présent ouvrage relatif à la valeur médicinale de nombreuses plantes nectarifères avec le même intérêt que l'on peut lire mensuellement La Revue de Phytothérapie dont la présentation littéraire est analogue et captivante.

Les conseils botanique en vue de la récolte des plantes et les recettes de fabrication de multiples préparations pharmaceutiques contenus dans ce livre seront de la plus haute utilité aux mères de familles qui, fréquemment, en les suivant attentivement, pourront traiter avec succès maintes affections légères qui ne nécessitent pas le concours immédiat des hommes de l'art. C'est dire que cet ouvrage constitue un véritable brévicire de la santé.

M. NIGELLE a su, d'autre part, faire ressortir les hautes valeurs alimentaires et thérapeutiques des miels qui contiennent fréquemment les principes actifs des plantes dont ils proviennent. Les miels, suivant leur origine, présentent, en effet, une valeur alimentaire et des indications thérapeutiques que j'ai eu l'ocса-sion de mettre en évidence en 1951 dans une longue comти-nication à la Société de Pathologie Comparée et d'Hygiène Générale. A l'issue de cette communication, je me suis plu à dire que dans son œuvre, le Créateur a toujours placé à côté des maux qui nous accablent les remèdes naturels qu'il nous appartient de savoir discerner et précisément le miel, ainsi que le fait ressortir M. NIGELLE, est un de ces aliments et de ces remèdes dont on a judicieusement discerné et grandement apprécié les bienfaits.

J'approuve pleinement M. NIGELLE lorsqu'il écrit: Le sucre ne remplacera jamais le miel, car on ne fera jamais assez comprendre que le sucre blanc, le sucre industriel, vulgaire produit chimique mort, exige de l'organisme un important travail digestif pour le rendre assimilable et qu'à haute dose, et plus encore en usage immodéré et continu, il constitue un véritable poison pour l'organisme, celui des jeunes enfants en particulier. Le sucre blanc ne devrait être considéré que comme un condiment culinaire alors que le miel, énergétique vivant, riche en vitamines, essentiellement composé de sucres directement assimilables et ne nécessitant, de ce fait, aucun travail digestif, devrait être presqu'exclusivement employé, comme ана temps anciens d'ailleurs.

M. NIGELLE n'a pas manqué d'attirer l'attention du lecteur sur les usages médicinaux du venin d'abeilles en plusieurs affections, contre les rhumatismes en particulier au point qu'actuellement des rhumatologues réputés l'utilisent couramment en clientèle.

Mais je ne puis que louer la circonspection avec laquelle il a abordé la question de l'usage de la gelée royale, car jusqu'à présent, aucune preuve expérimentale et aucune observation clinique sérieuse n'ont apporté la certitude de l'action de cette substance sur l'organisme humain et je puis même ajouter que les premiers résultats de récentes expérimentations rigoureusement poursuivies sur des vertébrés ont été décevants. Il est donc juste de ne pas leurrer inconsciemment un public crédule qui pourrait tôt ou tard être déçu par les résultats négatifs de traitements particulièrement onéreux. Voilà la raison pour laquelle je ne saurais trop approuver la prudence de M. NIGELLE en la matière. Quant aux recettes culinaires qu'il propose elles permettront aux mères de famille de faire la joie de leur entourage en flat-tant la gourmandise des petits et des grands.

L'hydromel enfin, judicieusement vanté dans cet ouvrage et soigneusement préparé, constitue une boisson hygiénique encore trop peu connue et qu'il importait de mettre en valeur Par expérience, je puis dire que différents modes de préparation et de rigoureux dosages permettent d'obtenir par la fermentation du miel des variétés d'hydromel particulièrement agréables depuis des apéritifs supérieurs ou des vins secs agrémentant des entrées de repas jusqu'à des vins liquoreux de desserts et de délicieux hydromels champagnisés très appréciés.

L'œuvre très complète de M. NIGELLE condense toutes ces notions. Elle est empreinte d'un esprit littéraire qui rend su lecture particulièrement attrayante; elle est riche par sa documentation, pratique par ses nombreuses recettes, instructive à de multiples points de vue. Un tel travail manquait dans la litté-rature apicole cependant si vaste et l'on ne peut que féliciter son auteur d'avoir si heureusement comblé cette lacune et inciter à le lire pour leur plus grand profit, apiculteurs, thérapeutes de tous genres, chefs de famille et tous esprits curieux désireur de s'instruire.

Docteur René MOREAUX 1

de l'Académie de Stanislas

Directeur du Laboratoire de Recherches Apicoles de l'Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Nancy

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