Si l’abeille m’était contée de Jean Sirera

réf. coop AB084

A la belle saison, un nuage d'abeilles Butine sur les fleurs un liquide trésor,
Et par monts et par vaux en frappant nos oreilles Au nid vont le porter dans la cellule d'or.

Dans l'abîme des temps, la Très Sainte Écriture Promettait aux hébreux, pour les réconforter,
Un pays merveilleux où, comme nourriture, Le lait avec le miel couleraient du rocher.

A cette liqueur d'or donnaient de l'importance Les Parthes et les Grecs, Arabes et Romains,
Chaque jour après jour, un peu plus de vaillance Procurait l'élixir aux fragiles humains.

Qui nous donne ce miel, cette rare richesse, Véritable trésor à l'hiver de nos ans?
Mais la ruche ou l'essaim fait la belle prouesse Pour trouver un logis au réveil du printemps.

Pourquoi de tels efforts, en bonne intelligence, L'abeille en décrivant, d'un livre étant l'auteur?
Sinon pour captiver d'une utile science, L'esprit très éclairé de tout sage lecteur.

Seulement le désir par sa simple lecture, Sans avoir le dessein d'un ouvrage savant,
Qu'une idée désormais plus nette et moins obscure Se forme au seul sujet de l'ouvrage attachant.

S'il répand sur vous tous la vertu plus agreste Ou bien tout simplement un séduisant attrait,
Pour l'abeille volant sous la voûte céleste, Eh bien, me voilà donc pleinement satisfait.

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