réf. coop AB031

Durant ces dernières décennies, le Frère Adam n'a cessé d'apporter sa contribution au progrès de l'apiculture.
Son système d'apiculture doit son succès non seulement à sa profonde connaissance de l'abeille elle-même, mais aussi à son talent d'organisateur et à ses compétences techniques. Il a incité les éleveurs de maintes régions à abandonner des méthodes démodées pour tenter une approche nouvelle de leur travail.
Très tôt dans sa carrière, le Frère Adam a vu clairement que les différences entre abeilles d'origines diverses étaient très marquées (il en est ainsi dans d'autres formes de vie) et que la sélection permettait d'obtenir des résultats d'une grande valeur économique. Comme jeune débutant, il eut à souffrir de lourdes pertes dues à la maladie qui ravageait ses colonies. Par la suite, il développa la << Buckfast », par croisement avec les italiennes, et cette expérience lui laissa la plus vive impression. Mais il ne se contenta pas de ce premier succès. Dans le but de rechercher les souches qui puissent servir de base à l'élevage de la « meilleure abeille possible », il voyagea beaucoup à travers l'Europe et les pays de la Méditerranée, collectant des reines et des échantillons d'abeilles, tout en prenant note, avec l'œil exercé de l'expert, des méthodes apicoles
particulières à chaque région. Ses récits sont un vrai plaisir pour le lecteur et montrent la grande endurance qu'il a fallu à ce chercheur pour parvenir à ses fins. Le travail scientifique sur les échantillons collectés n'est pas encore achevé, mais il promet de marquer une étape importante, en élargissant et en corrigeant notre connaissance des races d'abeilles.
Le Frère Adam est le seul à disposer actuellement d'une telle somme de connaissances sur les différentes races. Il est à même d'affirmer que, d'une façon générale, la plupart des croisements mais certes pas tous sont supérieurs, que les croisements réciproques ont des résultats variables, et que la plupart des races ne révèlent leur vraie valeur qu'une fois croisées. Les expériences qu'il a faites, durant ces nombreuses années, avec les différents croisements, sont d'une valeur inestimable pour l'avenir de l'élevage apicole. Cela reste vrai même et surtout dans les cas où ses conclusions s'opposent à l'expérience d'autres chercheurs: il est clair, en effet, que l'abeille est à ce point liée à son environnement, qu'on ne peut guère la juger en valeur absolue, mais seulement en faire l'estimation relative à certaines conditions bien définies. D'après ses constatations, le Frère Adam estime que l'utilisation de croisements, obtenus à partir de différentes races d'abeilles, est un moyen d'augmenter la production de miel. Il me semble en effet qu'il y a là d'immenses possibilités pour l'avenir. Une grande partie du travail reste à faire, mais il est certain que toute nouvelle initiative ne pourra que s'appuyer sur les données fournies par le Frère Adam.
Ce livre sera, pour tout apiculteur intéressé par l'élevage, une mine d'informations, ainsi que le plus passionnant des récits de voyages accomplis par un apiculteur. Il occupera sans aucun doute une place exceptionnelle dans la littérature apicole contemporaine.
Oberursel, Pâques 1966.
F. RUTTNER Directeur de l'Institut de Recherche Apicole, Oberursel.